Préparation

Georgeta, la femme de ménage, s'affairait depuis tôt le matin dans le Salon des Mariages de la Chancellerie. Il faut dire que le dernier mariage célébré ici avait été la retransmission télévisuelle du mariage de la Grande-Duchesse Natacha avec le Grand-Duc Michael, devant un public minutieusement sélectionné.

"Enfin un vrai mariage" se disait-elle. Elle observa un moment la peinture de Vladimir Antonin Straviskov, ancien Chancelier de Vatfer, qui avait fait construire le palais abritant les services administratifs aujourd'hui. "Et dire que demain, votre arrière-arrière-arrière-arrière-petite-fille va célébrer un mariage ici, mon pauvre ami, voilà qui ne vous rajeunit pas !"

A ce moment entra Natacha Straviskova-Seidel. La Grande-Duchesse, visiblement préoccupée, dit à Georgeta :

"- Que vous dit mon ancêtre Georgeta ?"
- Qu'une page de Vatfer va se tourner demain Madame
- Vous pensez que ce mariage va changer la face de Vatfer ?
- Non, ce n'est pas de mariage que je parlais Madame
- Je vois. Mais rassurez-vous, c'est une nouvelle page pour la Ville aussi. Et puis il y a toujours le château de père, je viendrai vous rendre visite aussi souvent que je le pourrai. Ne parlez pas de cela, qu'en est-il des préparatifs ?
- Et bien, Madame, ils se préparent. J'ai d'ors et déjà fini de nettoyer la salle des Mariages. Ensuite, nous installerons le buffet dans la salle des fêtes, comme vous l'avez demandé.
- Très bien. Avez-vous pensé à décorer la façade de la Chancellerie ?
- Oui bien sûr Madame, j'ai fait commander 200 mètres de ruban rose bonbon, comme vous me l'avez demandé.
- Parfait. Ce sera parfait. Si ce n'est pas le mariage du siècle, ce sera le mariage de l'année ! Le seul de l'année j'entends, ma pauvre Georgeta.
- Oui Madame...
- Bien, continuez donc, je vais préparer ma robe. Vous savez qu'il me faut du temps pour choisir la couleur !
- Oui, Madame.

Natacha ressortit et Georgeta s'approcha de nouveau du portrait du vieux chancelier, "Il va lui falloir encore 3 heures pour choisir sa robe ! C'est bien une Straviskova cette petite...". Le bruit de l'aspirateur couvra ensuite les propos de Georgeta, visiblement courroucée de cette tendance maniaco-depressive de la grande-Duchesse a jeter son dévolu sur quelques centimètres carrés de chiffon..