Entretien entre M. Montagne et Mme Straviskova

N : 306 Date d'inscription : 03/11/2006

Le convoi, Gigi en tête, à bord de sa Molàv décapotable, modèle 1986, intérieur simili-cuir, arriva à la Chancellerie fédérale. Le drapeau abaleconien flottait fièrement sur le bâtiment, dont l'aile gauche était toujours en travaux. Plus tard, il accueillerait le tout nouvel Office fédéral des Traductions. Le premier employeur du pays !

Le cortège s'immobilisa devant la Chancellerie. La Déléguée générale attendit le président et il montèrent l'escalier d'honneur en toute discrétion. Personne n'avait eu le temps de prévenir les journalistes de cette visite.

- "Monsieur le Président, vous pourrez rencontrer Madame la Chancelière fédérale demain matin. Celle-ci est actuellement en déplacement dans le nord du pays. En attendant puis-je vous proposer une collation ? Peut-être êtes vous simplement fatigué et désirez-vous vous reposer ! Nous avons à votre disposition la suite des invités de marque. Les peintures sont un peu défraîchies, mais nos hôtesses, elles, ne le sont pas !

Invité

Le garde du corps d'Alexandre pouffa de rire. Le Président lui adressa un regard réprobateur et répondit :

- Hum... d'accord, ce sera un plaisir pour moi d'être reçu par Mme Straviskova, demain. J'imagine en plus, vu l'heure tardive et cette arrivée complètement imprévue que vous aviez surement d'autres choses à faire. Je m'excuse pour cela, j'avais en effet oublié de calmer mon emportement...

Il y eut un silence gêné lorsqu'ils arrivèrent à la suite qui comprenait certainement des mets. Deux charmantes hôtesses inclinèrent la tête pour le saluer. Il dénoua légèrement sa cravate et dit, à voix basse :

- Je ne voudrais pas vous froisser, mais à vrai dire... je suis plus... hôtes... qu'hôtesses... hum...

Il se sentait ridicule. Fichue fièvre qui l'empêchait de réfléchir correctement. Le garde du corps pouffa une nouvelle fois de rire. Montagne profita qu'il était à côté pour lui écraser le pied et le faire taire.

N : 320 Date d'inscription : 15/04/2009

Gigi regarda le président qui était devenu écarlate, et esquissa un peu sourire, presque gênée elle aussi de la remarque de son invité, si bien que le sous-titrage s'emballa, et commença à débiter du sverigeois.

"Strom och den trrrru ? Vröde pudötruuuu ?? Swcrtischte"

Gigi, visiblement agacée par le dysfonctionnement de l'appareil, sortit son plus bel accent français, celui qu'elle avait travaillé chez elle en cachette, quand, pendant la dictature, il était obligatoire d'apprendre uniquement l'abaleconien. Elle se souvint alors des livres que son père lui avait donné et des longs moments qu'elle passait dans la bibliothèque à....et puis elle ouvrit les yeux et vit le président qui attendait fébrilement une réponse et dont le teint était toujours écarlate.

"Bien..ahem....excusez-mon français un peu difficile..je puis comprendre votre requête...si vous préferez des hôtes hommes..et bien nous pouvons vous donner hommes. J'imagine...qu'est-ce que la discrétion est importante pour vous. Rassurez-toi..ici personne ne parle car...il est coutume très courante !"

Pas fière de son français, elle conduisit le président jusqu'à sa suite et indiqua à la secrétaire qui l'accompagnait :

"Hivte öri !" (ce qui veut dire, en gros "faites péter les mecs")

Quelques instants plus tard, trois hommes fort bien faits toquèrent à la chambre du Président Montagne.

Invité

- Euh... je...

Montagne ne savait plus où se mettre. Il laissa entrer les trois hommes et dit à Gigi, qui visiblement avait parlé sérieusement en proposant des "hôtes".

- Je... hum... je ne connaissais pas cette coutume... vous savez, vous n'êtes pas obligés, je ne m'en offusquerais pas.

N : 320 Date d'inscription : 15/04/2009

- Ne vous inquiétez pas M. Montagne, c'est compris dans le service ! dit Gigi, rassurante. Bon sur ce, je vous laisse choisir, lequel ou lesquels de ces messieurs vous accompagnera. Quant à moi je suis fatiguée, et puis les Joaltes et ECUA viennent de se déclarer la guerre, donc je sens que demain va être une belle journée de...CENSUREE PAR LE SOUS-TITRAGE

Profitez-en bien Monsieur le Président ! Moi je vais dormir avec mes trois bouteilles de Golovina. Belle nuit à vous !

Invité

Et avant que Montagne ne puisse dire un mot, Gigi s'en fut, laissant Alexandre en compagnie des 3 hommes et de son garde du corps...

- Vous voulez boire quelque chose ? Ou manger...

- Hum, je vous laisse, je vais voir les hôtesses, moi...

- Mais...

Et avant qu'il ait pu ajouter un autre mot, son garde du corps partit lui aussi... Un des trois hommes plaça un pancarte occupée sur la partie extérieure de la poignée et ferma la porte.
L'histoire ne dit rien d'autre... Le fait est qu'aucun des trois hommes ne sortit avant une heure très avancée dans la nuit... Mystère...

N : 209 Date d'inscription : 25/11/2006

Le lendemain matin, la Chancelière fédérale, prévenue plus tôt de la visite surprise du président cocagnien, arriva à la Chancellerie. Elle proposa alors à son homologue un petit-déjeuner de travail. Celui-ci avait le regarde quelque peu embrumé...et c'est en français que la chancelière s'exprima

- Monsieur le Président de la République, tout d'abord permettez moi de vous souhaiter la bienvenue à Abalecon, et d'accepter mes excuses pour vous avoir fait attendre une nuit à Pjednè. J'imagine que vous souhaitez évoquer des questions délicates, aussi je vous propose de le faire autour d'un petit-déjeuner.

Invité

- Oh, je vous en prie Mme la Chancellière, vous n'avez pas à vous excuser. Ma nuit à été agréable... hum...

Alexandre jeta un coup d'oeil à son interlocutrice. Il avait entendu en Cocagne des choses horribles sur elle... qu'elle faisait égorger les enfants la nuit tombée, qu'elle fusillait les chats, une rumeur disait même qu'elle vivait sans dessous... Finalement, elle n'avait pas l'air si terrible. A première vue elle était normale. Bon, il n'en doutait pas... mais disons qu'il avait été quelque peu inquiété et qu'il appréhendait une rencontre.

- Les questions sont en effet délicates mais je pense que nous devons les aborder. Je ne suis pas contre un petit-déjeuner, tant que nous ne le prenons pas en terrasse...

En effet, Montagne était gelé dans ce pays. Les latitudes étaient si différentes ! Et bien entendu, il n'avait pris qu'une petite veste... la précipitation n'arrangeait décidément rien du tout. Il poursuivit :

- J'arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, sans prévenir... Je vous prie de m'en excuser, votre discours m'a tellement emporté, dans le bon sens du terme, que j'ai fait cette visite sur un coup de tête. Je suis ravi de voir qu'Abalecon persiste et signe contre ces adhésions automatiques. D'autant plus que l'organisation proposée est absurde tant elle est vide de contenu.

N : 209 Date d'inscription : 25/11/2006

- Rassurez-vous, je pense que vous avez pu tester notre accueil des hautes personnalités et en être largement satisfait...

(elle sourit)

- Les coutumes ont la vie dure dans ce pays tout comme les rumeurs. Enfin bon, allons dans la grande salle à manger.

(elle conduisit la délégation de Cocagne dans la grande salle à manger, ou un petit déjeuner les attendait. La Chancelière fédérale s'assit en face du président cocagnien)

- En tout cas si mon discours vous a ému, j'en suis ravie. Je n'imaginais provoquer de tels emportements à des kilomètres à la ronde ! J'ai été particulièrement choquée par cette pratique d'adhésion automatique : l'OMU tentait de se légitimer en affichant nos noms, j'appelle cela de la publicité mensongère. Ce d'autant plus que cette organisation est inutile. Pour le reste, je l'ai évoqué dans mon discours. Je crains que tout cela ne serve de prétexte à Sverige pour essayer d'avoir une influence quelconque sur cette zone. Quoi qu'il en soit, nous avons obtenu le retrait d'ECUA de cette organisation, et c'est une bonne chose pour eux, comme pour nous.

Invité

Montagne rougit légèrement lorsqu'elle évoqua l'accueil des hautes personnalités. La coutume ici, était en effet particulière... Il se laissa conduire à la salle à manger et s'installa face à Natacha.

- Je pense aussi que cette organisation n'était pas légitime. Tout prête à penser qu'il y a faute de Sverige. J'ai été personnellement surpris et choqué que mon pays ait adhéré à une organisation de ce type de façon automatique dans concertation et surtout sans autre possibilité que confirmation. La question est de savoir si Sverige manipule ou si au contraire, elle est manipulée. De tous temps, nous avons maintenu une entente cordiale entre nous. Je trouve la situation surprenante. Je crois savoir que la République Fédérale d'Abalecon a toujours tissé un lien diplomatique fort avec le Royaume du 31 février. Pensez-vous que Sverige ait réellement cherché à nuire ?

Alexandre eut un air songeur et ajouta :

- Vous parlez d'ECUA... je ne connais pas vraiment ce pays. A vrai dire, un diplomate est arrivé en Cocagne et avait été accueilli par Harold Cromwell qui leur avait gentiment fait comprendre que nous n'étions pas intéressé par un dialogue, à cause de leur politique d'asservissement. Il semble qu'il ait été particulièrement vexés mais ils ont fait quelques changements et sont revenus. Le simple problème, c'est que je ne sais à quoi m'attendre, leur représentant en Cocagne, semble plus porté sur les vertus soporifiques de la marijagne qu'autre chose...

N : 209 Date d'inscription : 25/11/2006

- Je pense que le Royaume a une politique diplomatique désastreuse, prête à se laisser entraîner dans n'importe quelle organisation douteuse. Néanmoins, je crois que les sverigeois sont simplement prêts à tous pour avoir une petite place au soleil...si je puis dire...et se donner une importance. Enfin, je leur laisserais le bénéfice du doute, il semble que tout le gouvernement soit parti en vacances, et que ce soit un sous-fifre qui ait hérité du pays. Donc pour moi pas de nuisance, mais une énième bourde.

Les sverigeois tirent trop vite. Est-ce votre cas également ?

(Elle lui jette un sourire plein de malice, et n'attendant pas qu'il réponde, continua)

- Pour ECUA, un traité de reconnaissance mutuelle peut être une bonne base pour stabiliser le pays. C'est mon objectif : c'est un voisin, et nous ne pouvons pas le laisser s'enflammer de la sorte. C'est la raison pour laquelle une coopération avec Abalecon est judicieuse : en assurant à ce pays stabilité et démocratie.

Invité

Montagne n'en revenait pas. Elle venait de lui faire un sous-entendu là, non ? Il resta surpris, c'était rare d'être aussi direct, à Cocagne... bon sauf avec Albert Dugland, un anarchiste, ou encore Eric, lui aussi anarchiste, qui étaient réputés pour leur franchise très crue... lorsqu'elle eut terminé, Alexandre plaisanta :

- Je ne sais pas si je tire vite, il faudrait demander à d'autres, car je regarde rarement ma montre dans ces cas-là. Ce que je sais en revanche, c'est que j'ai pris l'avions trop vite et j'en ai oublié que votre pays était au nord et que je n'avais pas d'interprète. Leur envoyé diplomatique est sensé nous présenter un traité lui aussi... mais, leur demande en Cocagne semble ne plus les intéresser... pourtant, je leur ai parlé aimablement... peut-être que le timbre de ma voix les a endormis...

Il resta pensif une longue minute puis reprit la parole, intrigué :

- Je ne pensais pas que vous entreteniez des relations aussi froides avec Sverige. Il me semblait que vous étiez alliés depuis toujours. Enfin qu'importe, cette Organisation à Adhésion Automatique nous prouve que la coopération intermicromondiale ne peut se faire qu'à pied d'égalité. Supposons que dès demain, je créé une Union des Tireurs Précoces (il sourit) et j'y intègre Abalecon, je doute que votre pays apprécie. Je me trompe ? Je ne laisserais pas passer cette adhésion ainsi. Et à ce titre, je venais vous dire que je vous soutiens dans votre démarche de rejet de l'OMU. Nos pays ont fait pas mal de chemin depuis un certain temps. Abalecon c'est en quelque sorte démocratisé, même s'il reste surement du travail, mais vous semblez avoir la situation bien en main. Nos rapports diplomatiques se sont harmonisés et nous avons lancé un projet de recherche commun. Je dois vous avouer être assez contents de ce que nous sommes devenus.

N : 209 Date d'inscription : 25/11/2006

-Vous savez, les gens du nord ne sont pas tous des glaçons, certains ont un coeur : les abaleconiens en font partie. Je suis globalement du même avis que vous concernant notre parcours commun. Je suis heureuse de voir la coopération entre nos deux pays avancer de la sorte. A ce propos, je voulais évoquer avec vous la possibilité d'une coopération universitaire. J'ai entendu parler de l'Université François Bertragne, et je souhaiterais mettre en place une reconnaissance mutuelle de diplômes voire un double diplôme pour une matière en particulier. Nous avons tout intérêt à prouver que nous savons faire de la diplomatie utile, et pas de la diplomatie spectacle, comme d'autres...

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